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Description

Comme une évidence, l’implantation des deux bâtiments est simple, rationnelle et radicale. Comme un devoir, l’architecture énonce sa dimension sociale, celle du partage grâce à ce vis-à-vis où les coursives se regardent. Comme une nécessité, les logements qui se destinent à une population fragilisée par l’exil forcé et affaiblie par un voyage souvent périlleux, manifestent ici leur dignité.

Bien qu’il s’agisse d’une architecture provisoire, la manière dont elle est composée, dessinée et construite évoque plus la permanence que l’éphémère. A la manière d’une belle leçon de choses, les assemblages se déclinent par leur clarté et renvoient aux prémisses des lois ancestrales de l’entablement : un socle, une colonne, une poutre, un plancher. Cependant le projet est aussi et avant tout en phase avec les méthodes de mises en œuvre contemporaines, comme l’emploi d’un principe de modules préfabriqués et montés en très peu de temps, tout en offrant une adaptabilité typologique par addition.

Précise, locale et durable, la construction en bois s’affiche avec la rigueur de sa conception. Les pieux fichés dans le sol sont eux aussi constitués de troncs comme pour mieux ancrer le postulat de cette démontabilité annonciatrice que l’intégration des migrants a été réussie. Dans les étages, c’est un heureux mélange d’épicéa suisse qui constitue les surfaces des appartements modulaires et du chêne genevois qui enveloppe précieusement ces deux vaisseaux arrimés aux portes de la Genève internationale.

Philippe Meier