2020
PLAGE DES EAUX-VIVES ET PORT NOIR

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Description

Dès son ouverture, le 21 juin 2019, la plage publique des Eaux-Vives rencontre un succès phénoménal. Du jour au lendemain, Genève se découvre habitée par des milliers de plagistes, qui arpentent ces 4 hectares d’herbe et de gravier remblayés sur le lac. Ce quai oblique s’est déployé de la rive comme un éventail, ou plutôt comme une émancipation du tracé orthogonal de la rade historique, magnifique de régularité et dont le seul trait festif était jusque-là la ligne d’ampoules qui en surplombe le pourtour la nuit venue. La plage n’a pas de guirlande mais elle est un lieu de fêtes et de plaisirs, qui ne se limitent pas aux week-ends d’été. Chaque saison, chaque moment de la journée en invente de nouveaux. Eprouver la puissance du lac par forte bise, depuis l’une des quatre jetées de pierre qui s’avancent dans l’eau ; s’immerger en douceur, en foulant le sable ou le gravier roulé; embrasser d’un regard toute la ville, rives droite et gauche confondues, depuis le ponton métallique de la buvette. Toutes ces choses simples, jusqu’ici réservées aux usagers des Bains des Pâquis d’en face et aux navigateurs, sont devenues possibles pour le plus grand nombre.

Comme tout grand projet à Genève, celui-ci est issu d’un long débat entre des postures à jamais irréconciliables : les milieux du patrimoine, refusant de dénaturer la rade historique, ceux de la nature, désireux de la renaturer bien plus que la zone de roselière finalement concédée. Sans compter tous ceux qui avaient – et ont encore – un avis sur le meilleur dessin possible, le nombre juste d’arbres ou les plus jolis wc. La plage n’a peut-être pas gagné sur tous les fronts, mais elle fait l’unanimité sur un: elle a révélé une soif immense des habitants du Grand Genève pour le lac et le séjour sur ses rives. En cela, elle préfigure peut-être ce que le Léman pourrait devenir un jour sur tout son pourtour, un espace public, ouvert et accessible à tous.

Valérie Hoffmeyer

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Crédit

Photos : Serge Fruehauf