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En réalisant ces deux bâtiments, l’Atelier Archiplein et l'Atelier Architecture Perraudin invitent à se réconcilier avec les matériaux natuels bruts, en l'occurrence la pierre massive, et à repenser les modèles actuels de la construction.

Le langage architectural est simple, la pierre brute. Au point de laisser apparentes les traces du processus d’extractions, perceptibles à l’œil et au toucher. Ces traces des outils de découpe prennent la lumière et expriment avec simplicité le processus de construction du bâtiment.

Neuf mille blocs de pierres ont été nécessaires pour réaliser le projet. “Il s’agit en réalité de trois types de pierres, chacune étant implantée dans une position précise de l’ouvrage pour répondre à des dispositions particulières : une première pierre présente dans les rez-de-chaussée et les éléments sollicités par l’eau, une seconde pour tous les éléments de structure, et enfin une troisième pierre, plus sensible, qui définit l’intégralité des paliers des communs”, explique Francis Jacquier, architecte co-fondateur de l’atelier Archiplein.

L’innovation de ce projet réside dans l’utilisation unique de la pierre pour résoudre l’intégralité des contraintes normatives et structurelles. Pour ce faire, Le bâtiment repose sur un concept architectural en trois couronnes, imbriquées les unes avec les autres à l’instar des poupées russes : la couronne des façades, la couronne intérieure pour constituer les murs porteurs, et la troisième couronne qui est celle des communs. Entre chacune d’elles, des parois légères s’adaptent à la structure[3] [FO4] . Ces couronnes vont également définir les espaces de vie à l’intérieur des appartements : les espaces servants, fonctionnels, se déploient autour de la couronne intérieure pour inclure les entrées des appartements et les salles d’eau.

Loin d’être un obstacle, l’épaisseur de la pierre a été exploitée pour créer de l’intimité dans les appartements grâce aux ouvertures, tout en faisant pénétrer la lumière à l’intérieur au moyen de loggias, mais aussi grâce aux couronnes intérieures qui se rapprochent vers le centre, bénéficiant ainsi aux surfaces proches des clairs de vitrages. L’épaisseur de la pierre garantit par ailleurs une bonne inertie thermique.

Des innovations d’ingénierie ont été réalisées afin de valider le fait de construire complètement en pierre massive sur sept étages, hauteur d’une partie de bâtiment préconisée par le plan de quartier. De plus, les enjeux sismiques ont été résolus par le poids des pierres, le choix du mortier de liaison et enfin la manière dont les pierres sont assemblées et connectées au plancher. [5] [FO6]

“Personne n’avait construit de bâtiment de logements aussi haut en pierres massives, surtout pour accueillir des logements sociaux. (...) On a pu montrer que la construction en matériaux naturels n’est pas que pour des petits édifices. On travaille pour une commune, dans un système industriel tout à fait ordinaire”, se félicite Marlène Leroux, architecte co-fondatrice de l’atelier Archiplein.

Ce projet démontre la pertinence économique, écologique, sociale et technique de logements en pierres massives. Prometteur, il ouvre la voie à d’autres chantiers de ce type à Genève et en Suisse. À condition, bien sûr, de reconstituer la filière.

Mélissa Henry